
Un quadruple remède!
« Quand donc nous disons que le plaisir est notre but ultime, nous n’entendons pas par là les plaisirs des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle, ainsi que le disent les gens qui ignorent notre doctrine, ou qui sont en désaccord avec elle, ou qui l’interprètent dans un mauvais sens. Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l’absence de souffrances corporelles et de troubles de l’âme. »
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Extrait de la « Lettre à Ménécée », d’Épicure.
Épicure à son époque fait déjà face à de virulentes critiques. L’image qui colle à la peau des épicuriens ne date donc pas d’hier…
Épicure a vécu de 341 à 270 avant Jésus-Christ. A l’époque, les cités grecques sont en déclin, un déclin symbolisé par la perte de leur indépendance au profit de l’Empire d’Alexandre le Grand.
Ce déclin va avoir un impact sur l’approche d’Épicure. Alors que la philosophie envisageait l’Homme avant tout comme un citoyen de la Cité, la philosophie d’Épicure va envisager l’Homme en tant qu’individu. La philosophie d’Épicure est une philosophie de la recherche du bonheur individuel par le plaisir.
Pour remédier aux maux des hommes, Épicure va proposer un quadruple remède:
1) Nous n’avons rien à craindre des dieux
2) Nous n’avons rien à craindre de la mort
3) On peut atteindre le bonheur
4) On peut supporter la douleur
1 et 2) Nous n’avons rien à craindre des dieux et de la mort
Épicure s’inspire des théories atomistes de Démocrite: Le monde est fait d’atomes, le corps mais aussi les âmes.
Ainsi, à la mort, les atomes se dispersent et nous perdons toute sensation.
Rien à craindre de la mort car tant que nous vivons, la mort n’est pas. Et quand la mort sera là, c’est nous qui ne serons plus.
Malgré sa théorie atomiste, Épicure ne nie pas l’existence de Dieu, mais, pour lui, les Dieux n’exercent aucune influence dans la vie des humains: nous n’avons donc rien à craindre des Dieux !
3 et 4) On peut atteindre le bonheur et on peut supporter la douleur
Épicure classe les désirs en 3 catégories: – les besoins naturels et nécessaires: ce dont on ne peut pas se passer pour vivre. Par exemple, manger et dormir. – les désirs naturels et non nécessaires comme les désirs sexuels – les désirs non naturels et non nécessaires: le désir du pouvoir ou de la richesse.
Tous les plaisirs ne sont pas bons à prendre. Épicure prône la prudence et recommande de se limiter aux plaisirs les plus simples. N’oublions pas que le plaisir est caractérisé par l’absence de souffrances corporelles et de troubles de l’âme.
Pour savoir quel plaisir choisir, il faut être en mesure d’évaluer le bénéfice que le plaisir va nous procurer. Puis, il faut envisager la douleur que la réalisation de ce désir va engendrer. Toute souffrance n’est ainsi pas à refuser pour peu qu’elle produise à long terme un plaisir qui lui est supérieur. De même, un désir n’est pas forcément à satisfaire s’il engendre plus de souffrances à postériori que de plaisir immédiat. La réalisation d’un désir ou non sera donc un acte raisonné. On est loin d’une philosophie où tous les plaisirs sont permis…
Épicure aurait écrit plus de 300 ouvrages. Malheureusement, seul 3 lettres et les « maximes capitales » ont traversé le temps…
Pour en savoir plus sur Épicure, je vous recommande la lecture de la « Lettre à Ménécée » (ou ici).
Pour un premier abord de la philosophie, je vous invite à lire « le Monde de Sophie » de Jostein Gaarder. Vous y suivrez les aventures d’une jeune fille de quatorze ans qui est initiée à la philosophie par un mystérieux étranger. Si vous voulez plus approfondi, je vous recommande le livre « Histoire de la pensée: d’Homère à Jeanne d’Arc » de Lucien Jerphagnon.