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La première moitié du XIXème siècle est caractérisée à Paris par la création des passages couverts (la galerie Vivienne ou la galerie Colbert par exemple). Ces galeries sont recouvertes par une verrière et sont fréquentées par une clientèle aisée. On y retrouve des commerces variés à l’abri des intempéries extérieures. Percés au cœur des immeubles, ces passages sont un univers protégé du reste du monde.
Les passages couverts constituent sans aucun doute une avancée dans la façon de faire du commerce. Les passages parisiens ont d’ailleurs inspiré plusieurs villes de France et d’Europe, comme le passage Pommeraye à Nantes. Néanmoins, le commerce moderne en est encore à ses balbutiements:
– tant au niveau de l’offre: les prix se définissent à la tête du client;
– qu’au niveau de la demande: le client achète uniquement lorsqu’il en a besoin.
Petit aparté: si vous êtes sur Paris, profitez-en pour vous visiter quelques galeries en suivant l’itinéraire ci-dessous (inspiré par le Lonely Planet: Paris en quelques jours)
Cliquez ici pour découvrir l’itinéraire complet
Bientôt, les passages couverts ne vont plus suffire à satisfaire les besoins d’une société en plein changement.
En effet, le XIXème siècle est un siècle de profonds bouleversements. La révolution industrielle favorise l’exode rural et par conséquent, la population de la capitale française ne cesse de croître. Paris souffre de la surpopulation et la ville a la réputation d’être insalubre. En parallèle, la révolution industrielle permet le développement de la bourgeoisie.
La France fait aussi face à l’instabilité politique:
Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon Ier, devient l’empereur Napoléon III et le Second Empire voit le jour. Ce coup d’état met fin à la IIème République qui n’aura existé que 4 ans.
Afin de moderniser la ville de Paris, Napoléon III va ordonner la réalisation de grands travaux dirigés par le baron Haussmann. L’objectif est d’aérer, d’unifier et d’embellir la ville. Des quartiers entiers de la ville vont disparaître pour laisser place à de grandes artères que l’on peut encore observer dans Paris aujourd’hui.
Un homme va voir, dans ce contexte de changement, une grande opportunité. Aristide Boucicaut est un normand venu tenter sa chance à Paris. Après avoir travaillé quelques années au « Petit Saint Thomas », un magasin de nouveautés, et avoir gravi les échelons, Aristide Boucicaut va s’associer avec les frères Videau qui possèdent un magasin nommé : « Au Bon Marché ». Aristide Boucicaut va rapidement racheter les parts des frères Videau et mettre en œuvre ses idées avant-gardistes sur le commerce. Soutenu par sa femme Marguerite, Aristide va développer le magasin « Au Bon Marché » d’année en année et en 1869, le couple entreprend la construction de l’édifice que l’on peut encore observer aujourd’hui. Cet édifice, alliance de fer et de verre, est à la pointe de la modernité.
Pour développer son commerce, Aristide Boucicaut met en place des techniques qui nous semblent évidentes aujourd’hui:
– les prix sont affichés sur les marchandises
– l’entrée est libre et sans obligation d’achat
– des catalogues sont distribués et permettent la vente par correspondance.
– il est possible d’essayer avant d’acheter
– des périodes de soldes permettent d’écouler plus rapidement le stock
Au delà des techniques de ventes, Aristide Boucicaut a compris que le commerce devait être centré sur le client… L’objectif est de lui faire vivre une expérience unique, de provoquer en lui le désir.
Surtout, Aristide Boucicaut réalise un coup de génie. En effet, il cible une population spécifique: les femmes.
Dans la première moitié du XIXème siècle, la vie de la femme est d’un ennui mortel, une vie passée entre la maison et l’église. La femme ne peut sortir seule dans la rue et ne peut exercer aucune profession à part celle de bonnes ou de prostituées. Cela va changer avec les grands magasins.
« Au Bon Marché » va devenir le lieu incontournable pour les bourgeoises. Pour celles-ci, l’achat constitue un symbole de leur appartenance dans le grand monde. L’achat ne se fait plus par nécessité, mais par envie.
« Au Bon Marché » va aussi permettre aux femmes de travailler comme « vendeuse ». Bien que les traitements entre homme et femme soient toujours très inégalitaires, Aristide Boucicaut offre certains avantages à ses employées qui sont très en avance sur son temps: une cantine gratuite, une caisse de retraite et un jour de congé hebdomadaire.
La deuxième partie du XIXème siècle est donc marquée par l’apparition du commerce moderne symbolisée par la réussite du magasin « Au Bon Marché ». De plus, les grands magasins vont faciliter l’émancipation de la femme dans cette société en pleine mutation.
Pour en savoir plus, retrouvez :
– L’univers des grands magasins est décrit dans le roman d’Emile Zola: « Au bonheur des dames » (un extrait en cliquant ici).
– L’exposition virtuelle de la BNF sur le roman de Zola.
– Le reportage d’Arte: « Au bonheur des dames » (en VOD!)
Bonjour Emmanuel,
Merci de partager votre travail de recherche avec nous. Votre concept de podcast de culture générale en 5 minutes est super ! Je cherchais un moyen de connaître des nouvelles choses facilement et sur de nombreux domaines et vous avez parfaitement répondu à cette attente.
Je suis navrée de voir que vos podcasts prennent fin, juste au moment où je découvre votre site internet. Par ailleurs, pourriez-vous svp mettre le téléchargement du podcast #23? Et comment est-il possible de retrouver votre frise chronologique!? Ainsi que la mini-formation (ou 3 astuces)?
Merci encore et restez enthousiaste 😉
Marie