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Beethoven naît à Bonn en décembre 1770. Son père, lui aussi musicien, ne tarde pas à repérer le talent de Ludwig et lui donne une éducation musicale dans l’espoir de le voir réaliser une carrière d’enfant prodige proche de celle de Mozart quelques années plus tôt.
Mais le succès n’est pas au rendez-vous…et c’est seulement en se rendant à Vienne à partir de 1792 que tout va changer pour Beethoven. Il va tout d’abord recevoir l’enseignement de Haydn et va acquérir une certaine renommée en se produisant au piano et en composant ses premières oeuvres majeures à la fin des années 1790.
Néanmoins, Beethoven, déjà réputé pour son caractère fougueux peu apprécié à Vienne, va commencer à s’isoler ce qui lui vaut une réputation de misanthrope. Dans un testament qui ne sera découvert qu’après sa mort : Beethoven écrit : « Ô vous, hommes qui pensez que je suis un être haineux, obstiné, misanthrope, ou qui me faites passer pour tel, comme vous êtes injustes ! Vous ignorez la raison secrète de ce qui vous paraît ainsi. »
En effet, Beethoven a découvert en 1796 qu’il devenait sourd…
Néanmoins, sa surdité ne l’empêche pas de continuer à composer et d’être un précurseur du romantisme, ce qui est particulièrement visible à partir de la troisième symphonie composée entre 1803 et 1804.
Les symphonies de Beethoven se distingue notamment des symphonies classiques par sa durée. Elles sont en effet beaucoup plus longues : une cinquantaine de minutes contre une dizaine habituellement.
Cette troisième symphonie était initialement dédiée à Napoléon… Mais quand Napoléon se proclame empereur de France en 1804, Beethoven s’écrie « N’est -il donc, lui aussi, rien de plus qu’un homme ordinaire ? Maintenant, il va, lui aussi, fouler aux pieds tous les droits de l’Homme pour n’obéir qu’à ses ambitions. Il s’élèvera au-dessus de tous les autres et deviendra un tyran. » Il arrache la page de titre de sa symphonie et la rebaptise : Symphonie héroïque, composée pour célébrer le souvenir d’un grand homme ».
Beethoven est inspiré par les idéaux révolutionnaires de son époque. Les déceptions que Beethoven ressent sont à la hauteur des espoirs que ces idéaux suscitent.
Les quelques notes de musique de l’ouverture de cette symphonie sont parmi les thèmes les plus connus de la musique classique. Beethoven, à partir de ce simple thème bâtit un mouvement entier et l’amplifie jusqu’à l’extrême. (On reconnait ici l’influence de Haydn)
A travers l’intensité de cette musique, on comprend bien pourquoi Beethoven est un précurseur du romantisme, dont la caractéristique est la volonté de susciter l’émotion.
Un exemple supplémentaire est l’allegreto con moderato de la septième symphonie, qui inspire aussi beaucoup d’émotion. Ce mouvement a notamment été utilisé dans le film « Le discours d’un roi. ».
La raison qui avait été mise en avant depuis la Renaissance laisse un peu plus de place au sentiment, à la passion.
Beethoven a composé 9 symphonies et le final de la neuvième de Beethoven lui est inspiré par la poème de Schiller publié en 1785 « An die Freude », l’Hymne à la joie dont vous trouvez un extrait ci-dessous:
Joie ! Joie ! Belle étincelle divine,
Fille de l’Elysée,
Nous entrons l’âme enivrée
Dans ton temple glorieux.
Ton magique attrait resserre
Ce que la mode en vain détruit ;
Tous les hommes deviennent frères
Où ton aile nous conduit.
Cet appel à la fraternité a touché et inspiré Beethoven très tôt dans sa vie, mais il a fallu attendre le dernier mouvement de sa dernière symphonie pour qu’il réussisse à le mettre en musique. Et pour la première fois dans une symphonie, des voix se mêlent aux instruments…
Pour la présentation de cette symphonie en mai 1824 à Vienne, Beethoven tenait à donner le tempo, même si le concert était officiellement dirigé par Michael Umlauf… Beethoven avait quelques mesures de retard et le public applaudissait déjà alors que Beethoven continuait à battre la mesure!!!
Beethoven était un personnage unique comme il l’écrivit lui-même en quittant le prince Lichnowsky, son mécène d’alors :
« Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven. »
Il existe beaucoup d’enregistrements des symphonies de Beethoven. Je vous invite à découvrir l’enregistrement d’Herbert von Karajan datant de 1963 soit sur iTunes ou sur Amazon. Si vous appréciez un autre enregistrement, faites-le savoir en laissant un commentaire ci-dessous.
De même, si vous souhaitez en savoir plus sur les œuvres de Beethoven (sonates, concertos, symphonies…), je vous conseille d’écouter les émissions « Le matin des musiciens » diffusées sur France Musique. Jean-Pierre Derrien y étudie fréquemment une œuvre de Beethoven.